Transformer Marseille en capitale des Industries Créatives et Culturelles grâce au digital.

Mardi 14 décembre 2021 – 15h10 à 16h00 – Jour 2 – Plénière  5

Panélistes :

Karim AMELLAL – Gouvernement français, Ambassadeur, délégué interministériel à la Méditerranée


Laurent LHARDIT – Ville de Marseille, Adjoint au Maire de Marseille en charge de dynamisme
économique, de l’emploi et du tourisme durable


Adly THOMA – Gemini Africa, Chairman & CEO


Olivier PASCAL – LAFAAAC, Fondateur


Olivier LAOUCHEZ – TRACE, Co-fondateur et président exécutif


Sabrina ROUBACHE – Seconde Vague Productions, Productrice


Ijeoma ONAH – NIFS, Fondatrice


Sarah MARNIESSE, AFD, Responsable du Campus de l’AFD


Julie LANCKRIET-GOERIG – EMERGING Valley, Directrice des opérations

Mise en contexte

Elles nous l’ont démontré lors de la dernière édition du sommet : pour les Industries Créatives et Culturelles africaines, l’heure est à l’accélération digitale et au dépassement des frontières ! Blockchain, Intelligence Artificielle, technologies immersives, big data ou encore impression 3D : les innovations digitales ont des conséquences encore méconnues sur les processus de création, de production, de diffusion et de relation avec les publics. Cette culture 2.0 et ses nouveaux outils de médiation apparaissent ainsi comme des moyens de renforcer l’attractivité et l’identité urbaine, mais aussi de contribuer au rayonnement et au développement de la ville. De Marseille à Lagos, en passant par Le Caire, tour d’horizon de ces nouvelles formes de culture et de création. De Johannesburg à Tunis en passant par Dakar, tour d’horizon des healthtech africaines qui réinventent les systèmes de santé : l’occasion pour la Métropole Aix-Marseille de réfléchir aux meilleures façons d’accueillir et d’accompagner ces projets e-santé méditerranéen et africains sur son sol.

La Ville de Marseille compte de nombreuses richesses culturelles et créatives, avec un tissu d’industries dense, des théâtres et des écoles dédiées à l’art. La ville attire des entreprises dans ces domaines, mais compte aussi des atouts intrinsèques, et en particulier ses diasporas, qui se révèlent aux Marseillais eux-mêmes. Il existe une volonté politique, mais aussi associative en ce sens.

La cité phocéenne dispose en effet de nombreuses infrastructures. La Ville a créé, il y a une vingtaine d’années, le Pôle médias de la Belle de Mai, magnifique outil permettant d’incuber et d’aider les projets dans les domaines culturels et créatifs. Marseille possède aussi une position géostratégique historique : les câbles sous-marins placent aujourd’hui la ville au cœur de la stratégie mondiale de développement des réseaux.

Par ailleurs, le destin africain de Marseille, qui avait été un peu mis en sommeil ces soixante dernières années pour des raisons historiques, est en train de renaître.

C’est aussi en ce sens que se positionne EMERGING Valley. La Ville prépare la candidature de Marseille au label de l’UNESCO des villes créatives, dans la catégorie cinéma, et y inclut des partenariats avec des villes africaines pour travailler ensemble. La culture est fondamentale, et défendre la liberté de créer revient à défendre la liberté d’expression.

 

Marseille possède un positionnement stratégique de plateforme vers l’Afrique

« L’une des conditions de cette renaissance est de bien comprendre que l’Afrique
n’est pas seulement un marché en développement vers lequel il est possible d’exporter,
mais bien un partenaire pour lequel Marseille doit jouer le rôle d’une plateforme, accueillant l’Afrique en Europe et servant de base arrière pour les Européens
qui souhaitent se développer en Afrique. »

 

L. Lhardit

 

Les producteurs jouent un rôle essentiel

Les producteurs sont essentiels : ce sont eux qui produisent les contenus, qui les imaginent et les créent, avec des réalisateurs et des auteurs et qui vendent leurs projets. Ayant commencé à travailler dans la production il y a 26 ans, Sabrina Roubache a ainsi vu naître le pôle médias de la Belle de Mai.

L’écosystème a la volonté d’avoir des standards et des outils internationaux, et des projets se sont déjà concrétisés, mais cet écosystème reste à construire. L’employabilité des jeunes constitue un défi mais avec les câbles sous-marins, Marseille a tout ce qui est nécessaire pour devenir un hub culturel.

« Marseille est une terre qui se vend magnifiquement bien à l’étranger,
comme le prouve la série Marseille, produite par Netflix mais aussi la série
Plus Belle la Vie, qui a permis de professionnaliser les techniciens. »

S. Roubache

 

La jeunesse et le digital sont au cœur de l’action de la France, de sa diplomatie culturelle. C’est aussi le cas à l’échelle de l’Europe. La jeunesse est l’avenir, ce qui nous engage et c’est aussi là que réside la créativité. Le numérique et le digital permettent de porter cette créativité, de la mettre en œuvre et de la faire rayonner. Pour toutes ces raisons, mais aussi pour des raisons d’influence, la France souhaite porter cette diplomatie culturelle à travers la jeunesse, à travers le numérique, mais aussi à travers les valeurs qui la sous-tendent : l’ouverture, l’engagement et la question économique. Le numérique crée des emplois et favorise le développement. Il s’agit d’outils essentiels pour la France, pour l’Union européenne, mais aussi dans une optique de co-développement, pour des relations à la fois harmonieuses et respectueuses avec nos partenaires, en particulier ceux du Sud.

Le Forum des mondes méditerranéens qui se tiendra en février 2022 à Marseille mettra à l’honneur la jeunesse, les diasporas et les sociétés civiles du bassin méditerranéen, autour de thématiques positives.

La jeunesse et le digital au cœur de la diplomatie culturelle de la France

« La culture et le numérique sont des outils essentiels pour des relations à la fois harmonieuses et respectueuses avec nos partenaires, en particulier ceux du Sud. »

K. Amellal 

 

Le lien entre l’entrepreneuriat et le cinéma réside dans la technologie

Gemini Africa accompagne les entrepreneurs égyptiens, et plus globalement africains, de différentes façons. Son modèle d’investissement est basé sur trois piliers, les trois M : Money, l’argent qui leur permet d’investir dans des startups du secteur créatif, mais pas uniquement; Mentorship, le mentorat grâce à l’accompagnement de leur communauté d’entrepreneurs et Matchmaking, la mise en relation qui génère des opportunités commerciales pour les entrepreneurs.

En France, en Europe et en Afrique, de nombreux projets à impact existent. Gemini a donc décidé de créer sa propre startup et de considérer tout le potentiel commercial qui n’avait pas été exploité. Trois secteurs ont été identifiés dont le secteur cinématographique. Ils sont ainsi convaincus que le lien entre l’entrepreneuriat et le cinéma réside dans la technologie.

Les synergies doivent permettre de faire de grands sauts et non des petits pas, pas seulement dans le cinéma, mais aussi dans les autres secteurs.

« Nous avons créé le Cinématech. Il s’agit encore d’un concept, mais nous avons
déjà réalisé de nombreux programmes et activités, ainsi que des présentations
de pitchs lors d’un festival. »

A. Thoma

 

LAFAAAC, plateforme de formation pour les industries créatives

LAFAAAC est une plateforme de formation, initialement centrée sur les industries audiovisuelles, qui s’est élargie depuis plusieurs mois à la mode, la musique et l’édition. Beaucoup de programmes concernent l’entrepreneuriat dans ces différents secteurs, et 2021 s’est avérée être une très bonne année.

Selon un récent rapport de l’UNESCO, les industries créatives font travailler officiellement 5 millions de personnes et ont un poids de 50 milliards d’euros. Autant d’éléments chiffrés qui intéressent de plus en plus les VC à investir dans les industries culturelles et créatives. Cette réelle traction du secteur, ainsi que les performances de LAFAAAC (formation de 10 000 jeunes) ont ainsi fini de convaincre Greentech et Inco d’investir 1 million d’euros dans la startup en cette fin d’année 2021! Une réussite pour la pépite issue du programme Social & Inclusive Business Camp lors duquel elle avait rencontré ses futurs investisseurs. Olivier Pascal a ainsi salué le rôle de EMERGING valley, de I & P et de l’AFD dans ce succès.

Selon un récent rapport de l’UNESCO, les industries créatives font travailler officiellement 5 millions de personnes et ont un poids de 50 milliards d’euros. Autant d’éléments chiffrés qui intéressent de plus en plus les VC à investir dans les industries culturelles et créatives. Cette réelle traction du secteur, ainsi que les performances de LAFAAAC (formation de 10 000 jeunes) ont ainsi fini de convaincre Greentech et Inco d’investir 1 million d’euros dans la startup en cette fin d’année 2021! Une réussite pour la pépite issue du programme Social & Inclusive Business Camp lors duquel elle avait rencontré ses futurs investisseurs. Olivier Pascal a ainsi salué le rôle de EMERGING valley, de I & P et de l’AFD dans ce succès.

Une stratégie de mains serrées plutôt que de mains tendues

Les partenariats entre Europe et Afrique ont toujours été au cœur de l’ADN de LAFAAAC, avec pour objectif de mettre en œuvre une stratégie de mains serrées plutôt que de mains tendues. A titre d’exemple, et annoncé en exclusivité sur la scène de EMERGING Valley, LAFAAAC lance en février 2022, la Wazobia Academy, un programme de formation appliquée aux particulier de la marque Wazobia. Même si la startup participe au développement, elle est aussi là pour faire des ponts entre les deux continents. La plupart de ses formations ont ainsi été co-créées avec un partenaire au Nord et adaptées avec un partenaire au Sud. Un dossier est notamment déposé avec La Ruche, pour dupliquer certains projets dans des zones très éloignées de l’emploi.

« En 2020, EMERGING Valley nous a permis de rencontrer des investisseurs. Deux d’entre eux, Inco et Greentech, ont investi dans LAFAAAC, ce qui témoigne de la force des réseaux. »

O. Pascal

 

Trace, une solution de formation pour les jeunes 

Trace est une entreprise créée il y a 18 ans pour favoriser, sur la scène internationale, l’expression et la promotion des musiques et des cultures afro-urbaines. La société a permis de créer un réseau mondial autour de 24 chaînes de télévision, de radios, de plateformes digitales en devenant un acteur important, notamment en Afrique. Il y a trois ans, Trace a décidé d’investir un nouveau secteur d’activité, à savoir la formation professionnelle en ligne, en partant d’une demande du public et des usagers. Sur le continent africain aujourd’hui, plus de 80 % des jeunes n’effectuent pas d’études supérieures. Trace souhaite donc leur apporter des solutions : Trace Academia propose ainsi des formations autour des métiers de l’entrepreneuriat et des softs skills. Pour qu’elle ait de l’impact, la plateforme doit être gratuite, ce qui suppose un modèle de cofinancement avec des entreprises et des institutions. Un partenariat a ainsi été conclu avec la Ville de Marseille, donnant naissance à l’opération Trace Talents Marseille. Une chaîne de télévision, Trace Maghreb, est aussi envisagée depuis Marseille.

« Les industries culturelles sont essentielles pour les nouvelles relations entre la France et le continent africain. La France et l’Afrique partagent une histoire commune, une histoire qui n’a pas toujours été simple. Sans l’Afrique, la France ne serait pas ce qu’elle est. »

 

O. Laouchez

 

La culture pourrait être un des axes centraux du sommet Europe/Afrique

Les industries culturelles et créatives intéressent de plus en plus. Le potentiel pour le secteur est redécouvert, et l’impact est particulièrement significatif au Nigéria.

Ce secteur doit être pris au sérieux et intégrer les jeunes : la culture pourrait être un des axes centraux du sommet Europe/Afrique, avec des premières cinématographiques, des expositions. Marseille est une ville qui a ce qu’il faut pour porter de tels projets.

 « Il existe un potentiel pour créer des emplois, des métiers.
La culture pourrait devenir le deuxième employeur d’ici 2025. » 

I. Onah

 

Synthèse

Marseille dispose de tous les atouts pour réclamer son positionnement de hub Europe-Afrique de la culture, des infrastructures télécoms aux espaces culturels en passant par les filières de formation. Une politique culturelle tournée vers l’international qui, si elle a toujours été l’un des atouts de la France, se trouve transformée par l’irruption des nouvelles technologies, créant de formidables nouvelles opportunités sur le plan des Industries Culturelles et Créatives. De nombreux acteurs incarnent sur le terrain cette nouvelle dynamique, côté Afrique comme côté Europe, qui doivent être soutenus et mis en synergie.

à retenir

Marseille compte de nombreux atouts pour s’imposer comme hub des industries culturelles et créatives : des infrastructures, un tissu d’industries dense, des associations, des diasporas dynamiques et une volonté politique.
La jeunesse et le digital sont au cœur de l’action de la France, de sa diplomatie culturelle. Le numérique et le digital permettent de porter la créativité, de la mettre en œuvre et de la faire rayonner.
Gemini Africa, qui accompagne et finance les entrepreneurs égyptiens du secteur de l’ICC, mais plus généralement africains, a créé le Cinématech.
Plateforme de formation, initialement centrée sur les industries audiovisuelles, LAFAAAC s’est élargie, depuis plusieurs mois, à la mode, la musique, l’édition. La startup a levé des fonds grace aux rencontres établies avec les investisseurs rencontrés en 2020 dans le cadre d’EMERGING Valley.
Le Forum des mondes méditerranéens qui se tiendra en février 2022 à Marseille mettra à l’honneur la jeunesse, les diasporas et les sociétés civiles du bassin méditerranéen, autour de thématiques positives.

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