TAMBA LABS, OU LE PARI DE REMETTRE AU GOÛT DU JOUR DES CONNAISSANCES ANCESTRALES

 Interview portrait du Dr Doudou Tamba, fondateur de TAMBA Labs et lauréat 2021 du concours Provence Africa Connect

C’est l’un des deux gagnants du prix Provence Africa Connect 2021, Doudou Tamba de la startup Tamba Labs, qui a été récompensé pour ses travaux innovants en matière de chimie et de nutraceutique, mais surtout pour ses actions menées en direction du continent africain, lors de la seconde édition du concours ! Jeune docteur en pharmacie passionné par les propriétés médicinales des plantes, Doudou Tamba souhaite valoriser les connaissances ancestrales de ses aïeux en phytothérapie, à travers le prisme des sciences académiques et modernes. Compléments alimentaires, répulsifs anti-moustiques, matrices cellulaires ou encore pièges anti-mouches, les connaissances du Docteur Tamba ont le potentiel de révolutionner nombre de secteurs, le tout de manière naturelle. Installé au technopôle de l’Arbois, Doudou Tamba évolue entre le Sénégal et la Provence, incarnant ainsi parfaitement les valeurs du prix Provence Africa Connect, un prix initié par la Métropole Aix Marseille Provence et soutenu par la French Tech, Africalink et EMERGING Valley, qui récompense les entrepreneurs du territoire pour les liens économiques qu’ils entretiennent ou créent avec l’Afrique. Rencontre avec ce startupper au CV impressionnant et aux idées toutes aussi innovantes ! 

EMERGING Valley : Bonjour Dr Tamba et félicitations pour avoir remporté le Prix Provence Africa Connect (PAC) ! Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pourriez-vous vous présenter ?

Doudou Tamba : Bonjour, et merci beaucoup pour l’invitation. Je m’appelle Doudou Tamba et je suis docteur en pharmacie. Je suis né et j’ai grandi au Sénégal. J’y ai fait mes études de pharmacie lors desquelles je me suis spécialisé en phytothérapie et en ethnopharmacologie, soit l’étude de la faune et de la flore dans leur écosystème pour repérer leurs propriétés médicinales, propriétés pouvant être valorisées dans l’industrie pharmaceutique, nutraceutique et cosmétique. J’ai ensuite complété ma formation en France avec une spécialité en biotechnologie où j’ai étudié les principes actifs issus des plantes. Je suis aussi allé en faculté de médecine pour me spécialiser en investigation clinique. Toutes ces formations me permettent aujourd’hui d’avoir une vision globale sur la manière dont les plantes peuvent être à la base d’un produit pharmaceutique.

EV : D’où vient cet attrait pour les plantes médicinales et comment cela vous a-t-il mené à créer votre startup ?

DT : Cela vient de mon héritage familial. Je suis originaire de la région du Tamba, au sud-est du Sénégal où vivaient déjà mes aïeux à l’époque de l’empire Mandingue. Ils étaient alors les conseillers médicaux et spirituels des empereurs. À la chute de l’empire, ils se sont reconvertis en phytothérapeutes et guérisseurs. Aujourd’hui encore, mes oncles officient en tant que tels. C’est une véritable vocation. Je me sens comme le dépositaire légitime de ces connaissances, et je me suis donné la mission de les valoriser par le prisme des sciences modernes et académiques. C’est ainsi qu’est née ma startup. L’idée est d’exploiter ces connaissances ancestrales pour pouvoir aider, à ma façon, les populations du Tamba.  Celles-ci vivent encore dans la pauvreté alors qu’elles sont entourées de plantes regorgeant d’un immense potentiel, tant au niveau de leur qualité nutritionnelle que de leurs propriétés médicinales.  Je veux leur montrer que ces plantes peuvent être une source de richesses.

 

« C’est une véritable vocation. Je me sens comme le dépositaire légitime de ces connaissances ancestrales et je souhaite les remettre aux goûts du jour. »

J’ai créé Tamba Labs en décembre 2019, et me suis installée au Technopôle de l’Arbois à Aix en Provence, un accélérateur spécialisé dans le domaine de la durabilité. Il propose un accompagnement personnalisé sur les aspects juridiques et administratifs des entreprises, et mettent à disposition énormément de ressources. Je dépends du département de chimie où je travaille avec mon unique employée, une ingénieure. Mais j’ai également la chance de travailler en collaboration avec le laboratoire d’Aix Marseille université, qui me donne accès à leur plateforme technologique de pointe pour la Recherche et le Développement. Je collabore aussi avec des laboratoires de Dakar.  

EV : Décrivez-moi un peu ce que vous faites concrètement. Quels sont les produits que vous développez et à qui sont-ils destinés ?

DT : Aujourd’hui nous travaillons principalement sur des compléments alimentaires. Nous développons également un répulsif naturel de moustiques à base de plantes qui poussent au Sénégal. Nous avons également le projet de créer une matrice extracellulaire biomimétique qui faciliterait la cicatrisation et qui pourrait même être utilisée dans les thérapies cellulaires et les traitements anticancéreux.

À ce jour, notre principale activité est la Recherche et le Développement, en particulier sur la manière d’extraire les nutriments des plantes, et de faciliter leur absorption par le corps humain. Le marché français des compléments alimentaires étant très mature (les consommateurs, les fabricants et le marché sont bien identifiés), nous avons une idée très précise du volume de produits disponibles et de la demande.

 

La compétition y étant sévère, nous avons fait le choix de nous positionner sur une plante -le Moringa- qui est une plante très biodisponible, et très assimilable, afin de fournir le meilleur produit du marché. Nous ne voulons pas réinventer la greenfood ou les compléments alimentaires à base de plantes, nous voulons en proposer la meilleure gamme.

« Nous sommes sur une innovation incrémentale, d’où cette exigence en termes de R&D. »

Nous voulons proposer une alternative aux produits chimiques, et rendre disponibles ces produits partout où le besoin s’en fait ressentir.

EV : Qui sont vos clients ? Diffèrent-ils selon vos produits ?

DT : À ce jour, nous travaillons uniquement en BtoB. Nous externalisons la production et la distribution. La vente en BtoC viendra peut-être plus tard. Pour ce qui des compléments nutritionnels, nous comptons passer par des plateformes de e-commerce mais dès qu’il sera possible de faire du stock, nous aimerions travailler avec des groupements pharmaceutiques pour de la distribution en pharmacie. Nous envisageons d’ailleurs d’y écouler nos produits en tant que marque blanche. Sur le projet du répulsif anti-moustique, nous avons un client ici dans le sud avec qui nous co-développons le produit et qui commercialiserait la solution à partir de 2023.

EV :  Comment Tamba Labs est-il financé ?

DT : Nous fonctionnons aujourd’hui grâce un modèle de financement hybride qui repose sur des fonds propres et des prêts d’honneur de plusieurs associations (le Réseau Entreprendre et Initiative Provence). Nous sommes actuellement en train de lever des fonds en amorçage et avons postulé pour recevoir l’aide à l’innovation de Bpifrance. 

Le financement est sans nul doute le principal obstacle à notre croissance. Cette constante recherche de financement est extrêmement chronophage, particulièrement dans mon cas car je suis tout seul et dois articuler mon activité et la recherche de fonds. Mon objectif à court terme est donc de mettre rapidement un premier produit sur le marché qui nous permettrait d’avoir un chiffre d’affaires, ce qui me servirait de levier pour lever des fonds auprès de nouveaux financeurs.

EV : Vous semblez regorger d’idées et de projets ! En avez-vous certains que vous pouvez nous dévoiler ?

DT : Nous souhaitons bien entendu voir se concrétiser ces trois produits – compléments nutritionnels, répulsif et matrice, mais nous réfléchissons effectivement à la suite. Nous aimerions agir dans la lutte entomologique, c’est-à-dire la lutte contre les insectes et en particulier contre la mouche qui détruit les récoltes de mangues en Afrique. Nous comptons développer un piège pour protéger les récoltes, qui représentent à elles-seules une importante manne financière.

Le financement est sans nul doute le principal obstacle à notre croissance. Cette constante recherche de financement est extrêmement chronophage, particulièrement dans mon cas car je suis tout seul et dois articuler mon activité et la recherche de fonds. Mon objectif à court terme est donc de mettre rapidement un premier produit sur le marché qui nous permettrait d’avoir un chiffre d’affaires, ce qui me servirait de levier pour lever des fonds auprès de nouveaux financeurs.

EV : Un mot sur votre victoire au Prix Provence Africa Connect ?

DT : Je suis extrêmement fier d’avoir été nommé lauréat, c’est une grande fierté. Le Prix Provence Africa Connect est un concours prestigieux, qui a lieu dans le cadre d’un grand sommet, EMERGING Valley. Cette victoire augure de très belles perspectives pour Tamba Labs, notamment en termes de visibilité auprès de partenaires au Sénégal, et en Afrique en général.

« Je remercie EMERGING Valley pour le travail magnifique qu’ils font, ainsi que la Métropole Aix Marseille, qui est un véritable moteur de l’innovation pour le territoire et la diaspora. »

Le financement est sans nul doute le principal obstacle à notre croissance. Cette constante recherche de financement est extrêmement chronophage, particulièrement dans mon cas car je suis tout seul et dois articuler mon activité et la recherche de fonds. Mon objectif à court terme est donc de mettre rapidement un premier produit sur le marché qui nous permettrait d’avoir un chiffre d’affaires, ce qui me servirait de levier pour lever des fonds auprès de nouveaux financeurs.

Partager

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email
Print