Interview de Jean-Luc Chauvin, Président de la CCI Marseille Provence

Emerging Valley est devenu en 3 ans un lieu de rencontre incontournable entre les startups d’Afrique et d’Europe. Quel rôle stratégique le territoire Aix-Marseille peut-il et doit-il jouer vis à vis du continent africain ?

Emerging Valley est la traduction concrète, pour le numérique et les start-ups, de la stratégie insufflée par la CCI Marseille Provence et partagée par les acteurs du territoire : « Aix-Marseille-Provence, hub mondial des relations économiques avec l’Afrique ». La France est le 2e pays européen exportateur vers l’Afrique et est à l’origine de 19 % des exportations de l’UE sur ce continent. Les investissements directs étrangers français en Afrique ont été multipliés par 10 entre 2000 et 2017. Plus de 1 100 groupes français sont implantés en Afrique avec plus de 2 109 filiales. Dans ce contexte, Aix-Marseille-Provence a su transformer sa proximité géographique avec l’Afrique en un business organisé. La présence de nombreuses entreprises qui font du business en Afrique, dont de grands groupes internationaux ayant choisi notre territoire pour aborder le marché africain, le prouve.
Les enjeux sont immenses, puisque la population va doubler d’ici à 2050 pour atteindre 2,5 milliards d’habitants, dont 500 millions de francophones. L’Afrique sera donc un moteur essentiel de la croissance mondiale et l’Europe aura besoin de l’Afrique pour rester dans la compétition. Nos entreprises et notre territoire ont et auront un rôle à jouer et des atouts certains.

Comment la CCI Marseille Provence peut-elle d’une part accompagner les entreprises européennes qui veulent se positionner sur la rive sud de la Méditerranée ?

Depuis 15 ans la CCI Marseille Provence mène des projets de coopération en Afrique avec les organisations intermédiaires locales, notamment les chambres de commerce et d’industrie africaines. Elle a acquis un réseau fiable et performant qu’elle met à disposition des entrepreneurs du territoire pour développer leur business en Afrique. Pour faire des affaires, il faut avoir les bons contacts, les bons réseaux ; la CCI Marseille Provence a développé ce réseau qu’elle met au profit des entreprises.

Et d’autres part les startups africaines et méditerranéennes qui souhaitent prendre pied sur notre territoire ?

C’est tout l’enjeu d’opérations telles que Emerging Valley. Mettre les start-ups africaines en lien avec les acteurs du numérique de notre territoire, les investisseurs et les grands comptes. C’est en effet un continent qui possède un tissu entrepreneurial nouveau, composé de start-ups qui développent depuis une dizaine d’années des solutions innovantes pour répondre à des enjeux majeurs de développement ou à des besoins vitaux comme l’accès aux soins, à l’eau, à l’éducation, ou encore des solutions de transport ou d’énergie pour des territoires parfois reculés.

Deux années depuis sa création par la CCIMP, où en est le réseau Afrikalink ?

Nous avons en effet créé en 2017, avec le soutien de la Métropole, le réseau Africalink, qui rassemble aujourd’hui 120 entrepreneurs d’Afrique et d’Europe, 4 comités en Afrique (Maroc, Côte d’Ivoire, Mauritanie et Sénégal). 18 missions business ont été réalisées, et Africalink est à l’origine d’une dizaine d’événements en partenariat et où coorganisés. Signe de la réussite de ce réseau : Africalink est par ailleurs partenaire officiel du sommet Afrique-France 2020 qui aura lieu à Bordeaux.

A l’heure du Brexit, Marseille a-t-elle une carte à jouer pour devenir la plate-forme européenne du financement des entreprises et de l’innovation sur l’axe Europe, Méditerranée, Afrique ?

Aix-Marseille-Provence peut devenir le hub du financement des PME sur cet axe Afrique-Europe avec la mise en place de systèmes opérationnels de détection d’entreprises en croissance et d’appui au développement de ces entreprises ; la mise en place de coaching et de mentorat dans les deux sens, et la validation des entrepreneurs pour les accessions aux financements existants.
Le financement sera aussi un des axes d’action de la « Maison de l’Afrique » que nous souhaitons créer avec les acteurs du territoire. Elle devrait voir le jour en 2021 et sera un outil opérationnel pour les entrepreneurs et investisseurs des deux rives, au service de l’ambition africaine du territoire, de la France, et de l’Europe.

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