INTERVENTION DE SAMIR ABDELKRIM AUX JOURNÉES NATIONALES DES DIASPORAS AFRICAINES

Dans le cadre de la 8e édition des Journées Nationales des Diasporas Africaines, qui avait lieu à Bordeaux du 24 au 26 septembre, Samir Abdelkrim, fondateur du Sommet EMERGING Valley et de StartupBRICS, était invité à participer à un atelier sur le thème de la mobilisation des écosystèmes numériques en Afrique face à la pandémie de Covid-19. Aux côtés de Philippe Mayer, le Directeur Général de la French Tech Bordeaux, les experts sont revenus sur la réactivité et la flexibilité des startups africaines face au virus et ont plaidé en faveur d’un Startup Act intercontinental Euro-Africain

Les Journées Nationales des Diasporas Africaines tenaient leur 8e édition du 24 au 26 septembre à Bordeaux. Cet évènement annuel a pour ambition de réunir les talents de la diaspora africaine, tout en mettant la lumière sur les différents projets et contributions sociale, culturelle, politique et économique de la communauté. En portant l’ambition d’établir une nouvelle narration inspirante et valorisante sur les liens Europe-Afrique, les JNDA sont ainsi en droite lignée avec les engagements d’EMERGING Valley.

Interrogé sur la réaction des écosystème tech africains face au Covid lors de la journée dédiée à l’entreprenariat, Samir Abdelkrim est revenu sur les nombreuses initiatives des startuppers locaux.

La crise sanitaire du Covid-19 a ainsi donné lieu à un formidable élan de mobilisation des écosystèmes, et plus particulièrement à l’émergence de réponses innovantes depuis le terrain. Des solutions sur lesquelles S. Abdelkrim dispose d’un recul historique, à travers son tour des écosystèmes tech mené de 2014 à 2018. Leur caractère profondément organique, c’est-à-dire leur capacité à naître des populations elles-mêmes et en réponse à un besoin pressant, a été à nouveau pleinement démontré en réponse au contexte actuel, affichant une résilience inspirante des entrepreneurs africains. Celle-ci s’est d’abord exprimée à travers la multiplication des Hackathons, organisés par les Tech Hubs de la région comme le CcHub de Lagos, Ventures Platforms à Abuja ou encore tout dernièrement par KabaKoo Academies au Mali. La communauté des Makers s’est également mobilisée à travers le continent, en publiant sur le web et en open source les données nécessaires à la réalisation de visières, de valves et même de respirateurs, permettant ainsi de pallier les carences des industriels, et de réinventer les circuits de production du local.

Au Maroc, des entrepreneurs comme ceux du 3DPrintingCluster ont pu ainsi mettre à disposition leurs imprimantes 3D et leurs compétences au profit du corps médico-sanitaire. Enfin, l’ensemble des startuppers ont participé à l’effort de lutte contre le virus en adaptant leurs solutions au pied levé face à la situation, ou en en créant de nouvelles ex nihilo. Des entrepreneurs du Sénégal ont ainsi mis en place des livraisons de produits médicaux par drones, alors que d’autres au Kenya développaient des outils de géolocalisation pour permettre l’optimisation des trajets des ambulances, permettant une prise en charge plus rapide des patients. Et ces initiatives ne sont que des exemples, parmi des centaines d’autres solutions digitales !

Poursuivant son exposé, le Fondateur d’EMERGING Valley a ensuite détaillé la réaction des pouvoirs publics. En effet, si le secteur privé a été très dynamique, les États n’ont pas été en reste, assurant leur fonction régalienne de sécurisation de l’économie à un niveau inégalé lors des précédentes crises, en soutenant les travailleurs informels comme les entrepreneurs. Une série d’initiatives de Prêts Garantis par l’État a ainsi pu aider de nombreuses startups à travers l’Afrique à maintenir leur activités. La mise en place de « Revenus universels de solidarité » a également été particulièrement efficace, grâce au Mobile Money. M. Abdelkrim est ainsi revenu sur l’exemple de Novissi au Togo, où l’État a expérimenté un système de revenu universel inédit, faisant bénéficier aux travailleurs du secteur informel des versements mensuels de 15 à 20 euros. Dans un pays où le salaire minimum médian est de 53€, ces allocations, transférées grâce à des cash transfer ont permis à de nombreux travailleurs de respecter le confinement, et surtout d’y survivre ! Ce sont donc des innovations proprement sociale et stimulées par la tech, qui sont venues soulager les populations précaires face à la crise économique.

Dans son intervention, l’expert a ensuite particulièrement insisté sur la nécessité de développer des cadres juridiques favorables à l’émergence des startups à grande échelle sur le continent. Ce mouvement inauguré par la Tunisie dès 2018 fait des émules, et a déjà été rejoint par le Sénégal, le Rwanda et le Kenya. Tous se sont ainsi engagés dans l’élaboration de Startup Acts, véritables outils juridico-politiques pour l’épanouissement de l’entreprenariat. Ils permettent aux entrepreneurs d’être soutenus et même encouragés tout au long du difficile parcours qu’est la création d’entreprise. En Tunisie par exemple, l’État prend à son compte les charges salariales et patronales des startups ainsi que leurs frais d’enregistrement de brevets au niveau national et international. Le Startup Act tunisien permet également à des entrepreneurs de prendre un an de congé pour se dédier entièrement à leur projet d’entreprise. Selon Samir Abdelkrim, ces textes de lois sont aujourd’hui nécessaires pour promouvoir l’entreprenariat et l’expression des talents locaux, et sont le parfait outil pour faire passer à l’échelle le potentiel du continent.

Ces dispositifs législatifs nationaux présentant un potentiel d’exportation considérable, Samir Abdelkrim et Philippe Metayer ont ensemble avancé l’idée d’un Startup Act commun entre l’Europe et l’Afrique. Un outil qui pourrait permettre aux deux continents de mutualiser leurs efforts et talents, afin de proposer une alternative digitale plus humaniste que celle aujourd’hui proposée par les GAFAM.

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