Interview avec Corinne Brunon-Meunier directrice générale déléguée de l’institut de recherche pour le développement ( IRD)

  • L’IRD est un partenaire de longue date de EMERGING Valley, pourquoi soutenir cet événement ?

Le modèle de l’IRD est un partenariat scientifique équitable avec les pays du Sud, favorisant la collaboration avec la société civile, les acteurs publics et les acteurs économiques.  Soutenir Emerging Valley, c’est poursuivre ce mouvement, dans un esprit de responsabilité et de redevabilité, afficher la volonté de co-construire des solutions durables.

L’événement est une occasion de rassembler des acteurs de différents écosystèmes des pays partenaires de l’IRD, mais aussi d’échanger avec nos partenaires marseillais. En effet, outre la proximité géographique et culturelle ouverte par la Méditerranée et ses « deux rives », Marseille a la chance, sur son territoire, de bénéficier d’un très important réseau d’expertise académique, scientifique et professionnel. Plusieurs leviers peuvent être ainsi actionnés pour favoriser une démarche d’innovation responsable : ainsi, en mettant en avant la recherche au service du développement durable et l’innovation développés par les équipes de l’IRD il s’agit pour nous de mieux accompagner les diasporas dans leur volonté d’entreprendre, favoriser l’implantation sur le continent africain de jeunes entreprises issues de ces diasporas et du tissu  économique français, favoriser l’accueil des entrepreneurs africains qui voudraient s’installer en France, favoriser les échanges d’étudiants.

  • Pour la troisième année consécutive, l’IRD participera au Lab d’intelligence collective Biodiversité 2.0, qui réunit une grande diversité d’acteurs et de secteurs. Pourquoi cette discussion entre mondes de l’entrepreneuriat, de la recherche et les différentes expertises nationales est-elle importante dans la lutte pour la protection de la biodiversité ?

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Il est important, plus que jamais, de lier les mondes de l’entrepreneuriat, de la recherche ainsi que les différentes expertises nationales dans la lutte pour la protection de la biodiversité, d’ancrer une science de la durabilité résolument adossée à des méthodologies transdisciplinaires. C’est là toute la richesse de la mise en synergie d’approches multisectorielles. En effet, la période actuelle suscite beaucoup de réflexions sur les liens entre environnement et santé, mais aussi sur le nécessaire rapprochement des 3 conventions de Rio (climat, biodiversité, désertification). Aussi sur leur croisement avec des questions politiques et sociales plus globales ce qui montre bien l’importance d’une approche intégrée, systémique et transdisciplinaire des questions envi­ronnementales.

L’IRD regroupe des experts de très haut niveau dans les domaines des géosciences, des sciences du vivant et des sciences humaines et sociales. Ils travaillent de manière interdisciplinaire et à plusieurs échelles : en écologie, sur l’évolution, sur la dynamique et le fonctionnement des écosystèmes continentaux et marins (hauturiers, côtiers et littoraux), sur leur adaptation aux changements globaux (climatiques et d’usages) et sur les relations nature et sociétés dans les pays méditerranéens et intertropicaux.

L’IRD a mis en place de nombreux dispositifs (comme les laboratoires mixtes internationaux) et observatoires avec une véritable implantation logistique et des connexions académiques construites dans la durée (filières d’enseignement, etc.). Ils nous permettent d’ancrer nos recherches en par­tenariat dans le temps et sur les terrains, en lien direct et étroit avec les communautés scientifiques du Sud.

  1. L’IRD défend un modèle original de partenariat scientifique équitable avec les pays du Sud, pouvez-vous décrire votre politique d’action, notamment au lendemain de la pandémie de Covid-19 ?

La crise COVID-19 a énormément mobilisé l’IRD, mais d’une manière générale, les chercheurs et ingénieurs ont tous répondu présents aux appels lancés par les structures et agences de recherche française, européenne et internationale.

Il est maintenant évident que nous devons sensibiliser le grand public sur des thématiques cruciales comme la santé, le changement climatique et la biodiversité, pour éviter les crises qui nous touchent toutes et tous. Cette crise sanitaire nous le montre malheureusement et il faut mieux pouvoir les anticiper. Des évène­ments comme EMERGING Valley permettent une appropriation par le public de sujets de sociétés dont ils doivent tous se sentir acteurs.

L’IRD, au côté de REACTing (REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases) et de l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales) ont mis en place une Task Force Covid-19 pour mobiliser la recherche française dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. L’ob­jectif étant d’assurer une bonne coordination des projets de recherche portés par ou en associant les institutions partenaires dans ces pays quels que soient le thème et la discipline scientifique.

Le Président de la République française, Emmanuel Macron, a également fait de l’anticipation des risques de pandémies un volet important des politiques en matière de santé mondiale. Lors du One Planet Summit, en janvier dernier, le Président de la République française a lancé l’initiative internationale PREZODE, « Prévenir les risques d’émergences zoonotiques et de pandémies », qui aspire à changer de paradigme. Ce grand programme, porté à l’origine par trois instituts de recherche français – INRAE, CIRAD et IRD – et qui rassemble désormais, au Sud notamment, de très nombreux chercheurs, combine des projets de recherche et des actions opérationnelles à l’international dans un souci de co-construction avec la communauté scientifique, les décideurs, les ONG et populations locales.

L’IRD, en interne, a aussi mis en place un comité scientifique interdisciplinaire et partenarial Covid-19, composé de chercheurs et cher­cheures de l’IRD, ainsi que de nos partenaires du Sud. Sa mission est de conseiller la gouvernance de l’IRD et de coordonner de manière la plus pertinente les actions scientifiques de l’IRD face à l’urgence sanitaire actuelle.

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